Porte qui claque. Collaborateur parlant fort au téléphone. Photocopieur utilisé à la chaîne… Que ces bruits peuvent être fatigants, stressants, usants au quotidien. Le respect de certains niveaux de bruit dans les bureaux fait d’ailleurs l’objet d’une obligation de santé publique. L’acoustique offre alors bien des solutions pour dépolluer l’environnement sonore. Benoit Antoine, de Make Office, nous dit comment faire taire les (mauvais) bruits de bureaux.
En acoustique (qui signifie science des bruits), le bruit est un conglomérat de plusieurs sons qui nous arrivent à l’oreille en même temps. Il peut être aérien (paroles, télévision, air de musique…), d’impacts (marche, choc, vibration…) ou d’équipements (ventilation, robinetterie…). Au bureau, le bruit résulte de la multiplication des personnes et de l’équipement présents dans un même espace. Pour maîtriser le niveau sonore d’un lieu, il faut principalement jouer sur deux types de coefficients acoustiques. L’affaiblissement acoustique (rw) indique l’aptitude d’une paroi ou d’un matériau à atténuer la transmission directe d’un bruit : plus il est élevé, meilleur est l’affaiblissement. Le coefficient d’absorption (aw) définit quant à lui le rapport entre le bruit absorbé et le bruit entrant. Il est situé entre 0 (aucune absorption des sons, tout le son est réfléchi) et 1 (absorption de tout le bruit).
Réduire le bruit, mode d’emploi
La première chose à faire est d’identifier au préalable les types de bruit que l’on souhaite atténuer.
• Pour les bruits aériens (paroles, télévision, musique…), il faudra aménager vos espaces de façon à casser leur propagation et optimiser ainsi l’affaiblissement acoustique. Pour diminuer ces bruits, on s’intéressera donc à l’affaiblissement acoustique des matériaux rw.
Cela peut consister en l’ajout d’une cloison pleine en BA13 (réduction de rw=39 décibels), une cloison vitrée simple vitrage (réduction de rw=38 db) ou double vitrage (réduction de rw=48 db) ; sachant que plus une cloison est épaisse, plus elle va isoler du bruit. En complément, si vos bureaux sont équipés de faux plancher et/ou de faux plafond, il faudra ajouter des barrières phoniques dans ces endroits afin d’éviter la propagation du bruit. En effet le bruit profitera des trous dus à la ventilation ou aux luminaires pour se propager dans les différentes pièces. La disposition de votre mobilier joue également un rôle important : prévoyez par exemple des « bulles acoustiques » amovibles type caisse, caisson, pour téléphoner ou s’isoler un court instant (retrouvez une sélection de 10 cabines acoustiques dans le numéro de février-mars de Workplace).
Pour évaluer l’efficacité phonique de vos matériaux, voici quelques repères utiles :
– Réduction (R) = 30 décibels (db) : inefficace, on entend tout d’une pièce à l’autre
– R = 35 db : faible, on entend les voix, à la limite du compréhensible
– R = 40 db : assez bonne, une conversation devient inintelligible
– R = 45 db, : bon niveau qui garantit un logement calme
– R = 50 db : excellent isolant.
A noter qu’une réduction de 3 décibels correspond à un affaiblissement de l’intensité du bruit de moitié, donc détectable par l’oreille humaine.
• Dans le cas des bruits ambiants (bruits d’équipements, de transports…), il est recommandé d’installer des matériaux absorbants « mous » qui améliorent le coefficient d’absorption du son aw (situé en 0 et 1). Vous trouverez quelques exemples de matériaux permettant l’absorption des bruits et leurs pouvoir. Plus il y aura de surface de matériaux multiplier par son pouvoir acoustique, plus les bruits seront absorbés. Par exemple une moquette aura une absorption de aw =0,2, le faux plafond 0,6 aw, des panneaux acoustiques muraux ou suspendus entre 0,95 à 1 aw ou encore des rideaux phoniques 0,6 aw. Les matériaux à proscrire sont : les sols pvc, les zones sans faux plafonds, ou encore les dalles bétons bruts et tous les matériaux non mous. Dans le cas précis du bruit de fond qui sévit souvent dans les open spaces, des solutions de masquage sonore, qui émettent un son de masquage doux et non dérangeant, peuvent s’avérer bien utiles de type Soft dB ou encore Tedelec.
Et dans tous les cas, la meilleure façon de maîtriser le bruit au bureau est de ne pas en produire ! Cela peut passer par un environnement moins bruyant avec par exemple des ordinateurs qui démarrent sans bruit, un clavier souple et plus silencieux, des souris sans clic, une ventilation discrète, une pièce isolée réservée aux photocopieurs…. En complément, il est aussi recommandé de responsabiliser les collaborateurs et leur enseigner de bonnes pratiques acoustiques comme s’isoler pour téléphoner ou ne pas claquer les portes. A bon entendeur…
Petit lexique complémentaire de l’acoustique
Décibels (dB) : le décibel est l’unité de mesure des bruits. Il est égal à 10 fois le rapport logarithmique entre l’intensité mesurée et l’intensité de référence.
Réverbération : c’est la prolongation d’un son après l’interruption de la source sonore suite aux multiples réflexions sur les parois d’un local.
Fréquence : elle qualifie la hauteur d’un son et s’exprime en hertz (hz). On distingue 3 types de fréquence : les fréquences graves (de 20 à 400 Hz), les fréquences medium (de 400 à 1600 Hz), les fréquences aigües (de 1600 à 20 000 Hz).
Confort acoustique : le confort acoustique est la restitution parfaite du message sonore (parole, musique) aux auditeurs quel que soit leur emplacement dans la salle sans dégradations (échos par exemple). Un mélange de surfaces absorbantes et réfléchissantes est nécessaire pour un confort acoustique maximal
Article publié sur WorkPlaceMagazine.fr